La fille sans prénom
Imprimer la page« Elle dit que tu es vieux. Tu es malade et ta maladie, c’est d’être vieux. Elle dit que tu vas mourir. Pas aujourd’hui, bien sûr, ni même demain. Mais bientôt.
– Bientôt, c’est combien de jours ? De mois, d’années ?
Nouvel échange entre les deux Indiens.
– Elle ne peut pas savoir. Mais pas des années. Des mois, tout au plus.
… Il rit !
– Comment pourrait-elle voir cela ? On ne voit pas ce genre de choses en regardant les malades !
– Elle voit, c’est tout !
Il rit encore. »
Qui est ce vieillard qui choisit de mourir dans cette île perdue de la mer caraïbe ? Une histoire commencée presque un demi–siècle plus tôt, sur les granits d’une autre île, de l’autre côté de l’Atlantique, le seul point d’ancrage certain d’une longue dérive. Et d’un bout à l’autre de ce qui est tout de même l’histoire d’une vie, le souvenir d’une fille à peine rencontrée, mais jamais oubliée, parce que l’on peut tout oublier, sauf la vie même. La douleur de la vie.
À la mer, au vent, et au désespoir joyeux !